Mademoiselle

Pendant deux ans, Zorro et moi sommes restés à deux – sans compter Thelma. Nous ne sortions jamais. Nous avions la belle vie. Je devais partager mes parents avec Zorro. Mais comme je ne peux pas me dédoubler, ce n'était pas bien grave.

Puis, un jour, une chatte blanche comme la neige – je vous rassure, ils ne l'ont pas appelée Blanche-Neige – est venue trainer dans le jardin. Souvent, elle se collait à la porte de derrière et regardait ce que nous faisions.

Un soir d'hiver, alors que la température extérieure était glaciale, mon papa l'a laissée entrer. C'était une femelle. Je l'ai tout de suite détestée. Elle empestait les hormones. Et pour cause : elle n'était pas châtrée, elle.

Elle a fait remonter à la surface de vieilles réminiscences datant de l'époque où j'étais encore un chat complet. Ça n'avait pas duré longtemps car on me les avait coupées très jeune. Mais j'avais pu expérimenter l'excitation qu'on ressentait à la vue d'une chatte.

Encore aujourd'hui, quand je la croise dans la maison, les souvenirs de cette époque bénie me reviennent en mémoire. Je la déteste encore plus.

Ils l'ont appelée Mademoiselle. Qu'est-ce que j'ai pu rire en entendant ça ! Car Mademoiselle était une cochonne. Elle portait dans son ventre les fruits d'une union avec un mâle. Trois semaines plus tard, elle pondit quatre petits. Qu'est-ce qu'ils étaient mignons ! Cependant, il était hors de question qu'ils restent là. Par chance, mes parents pensaient la même chose. Ils ont très vite cherché des adoptants.

La noire, blanche et rousse fut la première à partir. Suivie la tigrée blanche et rousse. Il restait une blanche immaculée comme sa mère et son antithèse, un noir comme l'ébène.

Celui-là était un dur à cuire. Il n'hésitait pas à me prendre de haut, m'attaquant même parfois. Mais j'étais le maître de la maison. Je lui ai foutu plusieurs raclées. Je pensais que ça calmerait ses velléités de prendre ma place. Que nenni ! Il me nargua et m'affronta plus d'une fois. Par chance, il fut adopté. J'ai célébré son départ en engouffrant une double ration de pâtée, le tout agrémenté par une bonne rasade... d'eau du robinet !

Salut, je suis Mademoiselle.

On est bien dans les bras de son papa.

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